Vers une sortie des néonicotinoïdes : l’exemple de l’Allemagne

, par  FFAP

Note rédigée par Philippe Vermendère membre du SAPCO et de la FFAP le 31/01/2016, révisée le 10/07/2016

Confrontés à des problèmes d’intoxication de leurs cheptels en zones de grandes cultures depuis 1994-95, les apiculteurs français mettent en cause les traitements de semences (TS) à base de néonicotinoïdes (NN), notamment sur les céréales : maïs ET céréales à p

S’agissant du maïs, ils ont obtenu en 2004 la suspension du TS avec l’imidaclopride (Gaucho), ainsi que le retrait d’une procédure d’urgence autorisant en 2006 le TS avec la clothianidine (Poncho) ; par contre, ils n’ont pu empêcher l’autorisation du TS avec le thiamethoxam (Cruiser) dès la campagne 2008. Le moratoire européen 2014-15 s’appliquant aussi au maïs, le Cruiser/ maïs est suspendu depuis la campagne 2014. S’agissant des céréales à paille, le Ministre de l’agriculture n’a jamais voulu arbitrer dans notre sens, persuadé qu’en privant les agriculteurs français des TS sur céréales à paille, il les mettrait en situation d’impasse technique et de faiblesse commerciale par rapport à leurs concurrents.

Quant à l’Allemagne, elle a interdit l’usage des TS-NN sur toutes céréales depuis fin 2008. Cette décision a été prise après les hécatombes d’avril 2008 dans les ruchers, au titre de la préservation de l’abeille, et en dépit de l’enjeu industriel (Bayer est allemand) et agricole (deuxième producteur européen de céréales, et plus particulièrement de céréales d’hiver). Il est peu probable que le ministère français n’ait pas eu connaissance des décisions allemandes, et certainement pas depuis 2013, quand son homologue allemand a dû se battre avec le CPCASA (la France y a de nombreux sièges) et la Commission, afin de maintenir l’interdiction des TS-NN sur céréales d’hiver, alors
que le « moratoire européen 2014-15 » les autorisait implicitement. Malheureusement, les apiculteurs français ne se sont aperçus que très récemment de cette distorsion de
concurrence, seuls les agriculteurs allemands auraient pu s’en plaindre, comme d’ailleurs, et à juste titre, les apiculteurs européens exception faite des collègues allemands.

Nous illustrons ci-après comment le gouvernement fédéral allemand a su répondre aux incidents de 2008, dans un souci permanent de la protection de l’abeille et plus généralement des pollinisateurs, et par voie de conséquence de la santé humaine et animale. Ce faisant, il ne semblerait pas que leurs rendements en céréales et maïs en aient souffert pour autant.

Vers une sortie des néonicotinoïdes : l’exemple de l’Allemagne