Situation apicole - Analyse de la FFAP

, par  FFAP

St Ours, le 5 septembre 2013.

Mesdames et messieurs les membres du Comité apicole,

Pour la deuxième année consécutive, la filière apicole vient de connaître une saison particulièrement difficile.

Les conditions climatiques exceptionnelles du printemps dernier ont durement affecté les colonies, obérant ainsi leur capacité de production pour les miellées d’été, alors que les récoltes étaient quasi inexistantes fin juin.

Déjà mises à mal par les faibles récoltes de 2012, les trésoreries des exploitations ont continué à fondre en début de saison : plus de stock, pas de récoltes, des achats de sirop exceptionnels indispensables pour assurer la survie des colonies...

Et sans prétendre proposer un bilan exhaustif de la saison, nous savons déjà que la production de miels en 2013 est très médiocre. D’ores et déjà, les perspectives de rétablissement et de consolidation des trésoreries sont plutôt sombres et toute la filière s’en trouvera fragilisée.

A cela s’ajoute le problème hélas récurrent de surmortalités tant hivernales que saisonnières, ce qui nécessite un sur-investissement pour la seule reconstitution du cheptel.

Dans ces conditions, les apiculteurs ont les plus grandes difficultés à maintenir leur cheptel ; quant à le développer, cela ressemble de plus en plus à une gageure !

La situation est particulièrement aigüe pour les plus jeunes exploitants : sans trésorerie, avec un cheptel encore insuffisant, leurs marges de manoeuvre très étroites sont essentiellement consacrées à compenser les pertes. En conséquence, ils sont dans l’incapacité de développer leur outil de production, le cheptel, ce qui serait pourtant indispensable pour garantir la viabilité et la pérennité de leurs exploitations.

Si nous ne pouvons que souscrire à la volonté de développer la filière apicole, il nous faut constater aujourd’hui que l’urgence est d’abord de maintenir et consolider les exploitations existantes.

Il n’y aura pas de développement de l’apiculture si nous laissons ces exploitations sans perspectives, hors celle de l’abandon.

Nous demandons que le Comité Apicole se saisisse de cette question cruciale de la consolidation des exploitations, plus particulièrement des plus jeunes(moins de 10 années d’installation).

En amont du plan de développement de l’apiculture, nous demandons que le Comité réfléchisse à des mesures de soutien concrètes qui permettent cette consolidation et par là-même la pérennité de ces exploitations.

Nous souhaiterions que le Comité puisse y travailler rapidement, dès sa prochaine réunion, le 16 septembre prochain.

Pour notre part, il est évident que le manque de cheptel est le principal frein au développement des jeunes exploitations.

Aussi nous proposons que soit notablement renforcée la mesure « aide - maintien et développement du cheptel » inscrite dans le programme apicole européen.

Cependant, vu d’une part, le déficit français en terme de production de reines et d’essaims, d’autre part, le manque de trésorerie des exploitations, nous proposons que soit aidé de la même manière l’auto-renouvellement du cheptel dans les exploitations.

En effet, il est indispensable de soutenir cette pratique (autonomie des exploitations), mais elle a un coût non négligeable : en cheptel (création des essaims, élevage..), en matériel (ruchettes, cadres...), en nourrissement (développement des essaims), en production (impact sur les capacités de production des ruches « mères »), en temps de travail ; et ces coûts sont majorés par les pertes en cours de saison ou à l’hivernage.

Sans doute, d’autres organisations de la filière feront des propositions que nous étudierons avec attention.

Nous espèrons que nous saurons construire ensemble un véritable plan de soutien pour les exploitations, sans lequel il sera très difficile de travailler sereinement au développement de la filière.

Dans l’attente de prochains échanges, recevez, mesdames, messieurs, nos meilleures salutations.

Yvan Gouttequillet,
porte-parole de la FFAP.