A l’attention de :
Jean-Yves Foignet, président de l’ITSAP, Dominique Ronceray, président d’ADA France.
Messieurs et chers collègues,
Nous avons pu prendre connaissance d’un courrier que vous avez co-signé, à l’adresse des ADAs. Dans ce courrier, sorte de rappel à l’ordre, vos 2 organisations, pourtant à vocation technique et de développement, promeuvent la parole gouvernementale et relaient les positions des services du ministère de l’agriculture.
Mais quelle mouche a donc piqué l’ITSAP et ADA France pour prendre pareille position politique ? Car défendre aussi ouvertement un projet gouvernemental, qui serait exempt de toute critique, c’est bien une prise de position politique.
Vos organisations s’arrogent ainsi une prérogative que par ailleurs elles refusent aux syndicats. Position pour le moins paradoxale dans la mesure où prendre des positions politiques et porter la controverse constituent justement l’essence du syndicalisme.
Oui, nous refusons un mode de fonctionnement qui privilégie le consensus mou (consentement sans discussion) et considère la critique comme illégitime.
Nous refusons une allégeance inconditionnelle à un processus qui tend à ignorer la diversité des points de vue et des situations, comme les réalités du terrain.
Nous refusons l’idée simpliste qui réduit l’expression critique au seul axiome : qui n’est pas avec nous, est contre nous.
Oui, nous avons l’impudence de proposer et de défendre un autre modèle, différents en bien des points de celui qu’on nous propose.
Par ailleurs, nous comprenons que vous soyez préoccupés par le devenir des organisations que vous présidez.
Comme vous, nous appellons à la constitution d’une interprofession, seul outil qui permettrait de lever des fonds auprès de la filière afin de financer les actions qu’elle jugerait utiles pour son développement.
Mais ce n’est pas en prenant parti contre un bon nombre d’organisations de producteurs que vous obtiendrez l’adhésion nécessaire d’abord à la création d’une interprofession digne de ce nom, ensuite à l’indispensable participation financière de tous les apiculteurs.
Ce n’est pas non plus en soutenant l’organisation à la va-vite de réunion mal préparée, avec une liste subjective d’ invités très orientée "politiquement" et géographiquement.
Et dernier rebondissement, illustrant le mélange des genres auquel vous vous prêtez :
vous appellez maintenant à la constitution d’un nouveau "syndicat" ("Union Apicole Professionnelle" ?) en vous prévalant de vos titres et fonctions, engageant ainsi vos structures dans une démarche partisane, pour le moins hasardeuse !
Vous vous dites déterminés "à être actifs et force de proposition constructive pour notre domaine du technique et du développement" : nous ne pouvons que saluer votre détermination.
Et nous vous suggérons amicalement de renoncer à donner des leçons de bonne conduite syndicale afin de vous consacrer pleinement à vos missions premières, au service de toute l’apiculture. Il en va de la crédibilité même des organisations que vous présidez.
Vous nous avez souvent répété qu’il ne fallait surtout pas confondre syndicalisme et développement ; nous serions heureux que vous vous appliquiez à vous-même cette sage préconisation.
Nous restons ouverts à tout dialogue constructif, et disponibles pour une rencontre qui permettrait peut-être de lever un "monceau" de malentendus, plus ou moins sciemment entretenus par certains.
Meilleures salutations apicoles,
Yvan Gouttequillet, porte-parole de la FFAP.