En préambule, l’agronome Olivier Mora, chercheur à l’Inrae et coordinateur de l’étude, a rappelé que les politiques de réduction des usages de pesticides en Europe n’ont eu, jusqu’à présent, que peu ou pas d’effets, à ce jour.
Trois scénarios ont été envisagés :
– Un avenir agricole basé sur une standardisation internationale des produits - exploitations ultra spécialisées avec de forts investissements en robotique et IA (Intelligence Artificielle)
– Un avenir agricole basé sur une demande des consommateurs centrale sur des produits sains avec une diversification régionale des exploitations.
– Un avenir agricole basé sur une demande des consommateurs sur des produits sains pour l’humain et l’environnement - une coordination des acteurs et la relocalisation des approvisionnements est une des clés à ce scénario.
Un petit focus sur chacun des mécanismes sous-jacent :
Concernant le scénario 1, quelques remarques pertinentes à savoir sur le coût énergétique des IA et leur impact environnemental. L’hypothèse de l’INRAE est que dans le futur, les technologies seraient de moins en moins coûteuses en énergie de part le développement technologique. Certains soulignent malgré tout que le problème n’est que "déplacé" où l’agriculteur dépendant des intrants chimiques deviendraient alors dépendant des technologies (et où le monde industriel continuerait à dicter sa "suprématie" sur le monde agricole).
Pour chacun des scénarios, l’impact sur les rendements, l’environnement, la souveraineté alimentaire européenne etc.. a pu être évalué afin de pouvoir légitimer les hypothèses de départ. Ils sont donc des scénarios "viables" et envisageables. Toutefois, une telle transformation n’impliquerait pas le monde agricole seul, mais l’ensemble des acteurs des systèmes alimentaires, des producteurs aux consommateurs en passant par les entreprises et les pouvoirs publics.
La modification des régimes alimentaires des Européens est cruciale, notamment dans les 2 derniers scénarios où les calories animales diminuent. En consommant moins de viande, l’Europe pourrait nourrir sa population et continuer d’exporter des produits agricoles, sans étendre les superficies cultivées, avec au contraire, une fermeture des milieux notamment, des prairies.
En plus de permettre la transition vers une agriculture sans pesticides chimiques, les trois scénarios pourraient améliorer, à différentes échelles selon le scénario, le bilan des émissions de gaz à effet de serre, la biodiversité et l’état général des écosystèmes.