Mobilisation en Bretagne : interpellation de l’UNAF

, par  FFAP

Suite au maigre soutien (c’est un euphémisme) de la part de l’UNAF et des amicales d’apiculteurs et apicultrices membres de cette structure depuis le début de la mobilisation en Bretagne, la FFAP, par la voix de l’un de ses porte-paroles et secrétaire du Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Bretagne a décidé d’interpeller ses dirigeants.

Voici ce courrier :

Ma première intention était de répondre à votre boycott de notre action, et à vos conseils « d’attachés de Préfecture », sur un ton humoristique et pour le moins sarcastique.

Nous avons particulièrement apprécié la phrase finale du communiqué du président d’Ille et Vilaine : « Lundi aura lieu une conférence de presse au Faouët, l’Unaf représenté par Gilles Lanio sera là pour rappeler à tous, les conditions légales d’une manifestation »

Finalement, l’extrême gravité de la situation m’incite à privilégier à terme une hypothétique collaboration de nos structures.

D’abord, nous avons passé une semaine très intense, très riche en échanges, avec beaucoup de convivialité. Échanges entre apiculteurs pro, amateurs mais aussi avec de nombreux élus et une population très sensible à notre cause tout au long du parcours. Sans doute la semaine la plus forte en émotions depuis le début de ma carrière, et c’est aussi ce qui a été mis en avant par des collègues qui ont presque tout perdu…

Nous restons très interrogatifs sur votre immobilisme. Car pour bon nombre d’entre nous, le constat à nos premières visites ce printemps, fut d’une gravité encore jamais atteinte. Plus d’une dizaine de professionnels ont quasiment tout perdu, et si aucune aide substantielle n’est trouvée rapidement, c’est le dépôt de bilan assuré dans les prochains mois. Certains sont pourtant apiculteurs depuis bien longtemps…

Les nombreux témoignages d’amateurs entendus tout au long de notre parcours, me poussent à dire que probablement quelques centaines d’apiculteurs amateurs, n’ont quasiment plus de ruches. Sur certaines communes il ne reste quasiment pas de ruchers viables.

C’est donc avec beaucoup de tristesse que j’ai subi, de votre part, le boycott et les nombreuses critiques, concernant notre déplacement Le Faouët – Rennes.

L’immense détresse de nos collègues, nous a poussé à agir dans l’urgence. Malgré cette urgence, contrairement à ce que vous avez écrit, tout s’est fait dans la légalité, des contacts avaient lieu avec les Renseignements Généraux, la gendarmerie ou les services préfectoraux.

Compte tenu de la période, et de nos activités, tout s’est décidé, lancé, et réalisé sur quelques jours. Ce qui n’a en rien altéré la totale réussite de l’opération. Je vous précise que quelques jours avant la date de départ, j’envisageais de partir seul, car je savais l’époque très peu propice à la mobilisation… Mais il y avait urgence… Et personne ne communiquait sur cette catastrophe écologique, et économique pour certains d’entre nous.

Malgré cette précipitation, la sécurité était assurée, ainsi $1’un minimum d’organisation. La cantine ambulante de Caroline nous a accompagné sur tout le parcours, nous mijotant de succulents plats bio à chaque étape, midi et soir. Quelques appels téléphoniques… Et à chaque étape des offres d’hébergement au-dessus de nos besoins.
Et partout, sans sollicitation particulière de notre part, de nombreux élus locaux nous ont merveilleusement accueillis… écoutés et soutenus.

Ce bref récit de notre périple, pour vous dire combien tout ceci a été un moment fort pour chacun des participants. Et je suis sûr $1’une participation, et un soutien de votre part, vous auraient vous aussi enrichis, et que vous y auriez trouvé, bien plus de satisfaction et de fierté, $1’à critiquer notre action comme vous l’avez fait. De nombreux amateurs sur le parcours nous ont fait part de leur incompréhension totale quant à l’immobilisme des Gdsa et des représentants des syndicats départementaux.

Les nombreux échanges et témoignages que je reçois me confirment que ce printemps, plus d’une dizaine de collègues font face à une situation dramatique. Savez vous, $1’avec plus de 300 caisses vides, je ne suis pas le plus touché… et pourtant, en 35 ans de carrière professionnelle, je n’ai jamais ressenti autant de tristesse et de colère en voyant des ruchers complets réduits au silence, même par un bel après midi. Si j’ai quelques beaux ruchers, dans d’autres les colonies rescapées, continuent d’être moribondes et sans aucun dynamisme…

La situation est si grave… ne pourrions-nous pas essayer d’avoir une collaboration constructive, pour sauver ce qui peut l’être, et pour faire en sorte que ceci ne se reproduise pas ?
Seriez prêts à agir et à nous soutenir quand nous affirmons que ces pertes exceptionnelles sont bien la résultante de la dégradation de l’environnement, car ne rien faire, c’est laisser la parole à notre GDS Bretagne,, pour qui la santé de l’abeille se limite uniquement à compter les varroas, à promouvoir et à vendre des traitements.

En espérant que ces quelques lignes, contribuent à vous faire voir l’urgence de la situation, Veuillez agréer, messieurs, l’expression de mes sincères salutations.

José Nadan
co-porte-parole de la Fédération Française des Apiculteurs Professionnels,
secrétaire du Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Bretagne.

Interpellation de l’UNAF