À partir de 3min22
À partir de 4min50
Mesdames et messieurs les apiculteurs,
Citoyennes, citoyens...
O toi la femme ou l’homme des années – 10000 qui, sur les parois de la cueva de la Arena en Espagne, nous a laissé le premier documentaire sur la récolte de miel……. si tu savais ce qu’il advient aujourd’hui !
Pline l’Ancien, qui dans le livre XI de son « Histoire naturelle » nous a laissé le premier manuel d’apiculture...si tu savais ce qu’il advient aujourd’hui !
François d’Assise écologiste de la première heure, qui parlait aux oiseaux. Ils ne sont même plus là pour t’écouter …..si tu savais ce qu’il advient aujourd’hui !
Pieter Brueghel l’ancien en 1568 tu nous laissé en héritage ce beau dessin à la plume et encre de Chine, les apiculteurs….si tu savais ce qu’il advient aujourd’hui !
Messieurs Dadant et Langstrot, inventeurs de la ruche à cadres, modernisateurs de la pratique apicole ….si vous saviez ce qu’il advient aujourd’hui !!
Monsieur Karl von Frisch prix nobel de physiologie en 1973 pour les travaux repris dans le livre Vie et moeurs des abeilles, ….si vous saviez ce qu’il advient aujourd’hui !!!!
Frère Adam de l’Abbaye de Buckfast, qui parce que les abeilles anglaises furent décimées par une épizootie, chercha à mettre au point par croisement une lignée résistante, dite aujourd’hui « abeille Buckfast »..si vous saviez ce qu’il advient aujourd’hui !!!!!
Et tous ceux que je ne peux nommer, si vous saviez ce qu’il advient aujourd’hui….
La prophétie Carson se réalise …..le printemps silencieux a mis plus qu’un pied dans la porte du vivant. Il est entré dans la maison commune ! Aujourd’hui Rachel Carson nous dirions de vous que vous êtes une lanceuse d’alerte !
Nous y voilà !
Tel Sisyphe condamné à faire rouler éternellement jusqu’en haut d’une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet, nous apicultrices et apiculteurs de métier ou de coeur, sommes condamnés chaque printemps à refaire le travail estival que l’hiver n’aurait pas dû détruire !
Nous remplissons sans cesse nos ruches qui ne sont plus que des tonneaux des Danaïdes !!!
Il est urgent de sortir de cette situation absurde et interminable et répétitive !
Les rois et les reines et les empereurs pas si lointains dans l’histoire, ornaient leurs blasons de l’abeille.
Et en ces temps jupitériens serait-il encore possible de mettre une abeille dans les emblèmes nationaux ????
Non, au grand jamais non cela ne serait plus possible !!!
Car l’emblème n’est plus que cadavre bourré de chimie toxique !!!!
L’agro-chimie a ouvert la boite de Pandore et ne veut pas la refermer, bien évidemment ! Sauf que nous sommes là et que nous voulons :
Nous voulons de nouveau voir en quantité le rouge flamboyant des coquelicots dans les prairies, les champs de blé et oublier qu’aujourd’hui ils ne sont visibles que dans la clarté bleutée de nos écrans !
Le glyphosate dont on sait depuis peu que rendu dans l’intestin de l’abeille, il perturbe fortement son microbiome et donc son immunité !
L’intestin,vous savez, ce deuxième cerveau !
Le glyphosate est autorisé encore pour trois ans, soi-disant selon la FNSEA pour trouver d’autres alternatives !
La FNSEA..un état dans l’état :la FNS..ETAT !
Voilà pourquoi comme il y a eu la loi de 1905 pour la séparation de l’église et l’état, nous demandons la loi de 2018 pour la séparation de la FNSEA et de l’État !
Finis les herbicides chimiques dans les contrées d’ici et d’ailleurs : trop c’est trop ! Ré so ré ! Ré so ré !!
Nous voulons de nouveau voir les insecticides naturels volants et rampants, diurnes et nocturnes se goberger, croître, se multiplier et s’engraisser avant l’hiver !
Les néonicotinoïdes ne sont plus autorisés depuis le 1er septembre 2018 !
Nous ne voulons pas de dérogations !!! Primo parce qu’une limite est une limite et deuxièmement parce qu’il faudra deux à trois années avant de voir les premiers effets de l’arrêt de leurs usages !!
Finis les insecticides chimiques ravageurs dans les contrées d’ici et d’ailleurs : trop c’est trop ! Ré so ré, ré so ré
Nous voulons de nouveau pouvoir nous réjouir d’une eau de nos rivières vraiment assainies sans qu’une arrière pensée attristée ombre le plaisir de voir un enfant jouer au moulin à eau. Ou bien encore nous ne voulons plus nous demander à quel niveau de notre corps se colleront les algues vertes quand nous irons nous baigner à la mer : tout de suite aux chevilles, aux genoux ou alors avec un peu de répit à la ceinture ?
Finis les engrais de synthèse et que le vie revienne en abondance dans nos sols ; trop c’est trop ! Ré so ré, ré so ré !
Nous ne voulons plus que les agriculteurs et les salariés du monde agricole ou paysager soient les victimes avec leurs familles de pratiques qui doivent dés à présent devenir ancestrales ! Oublier les odeurs insupportables laissées derrières les pulvérisateurs même les plus performants ! Oublier la chimie pulvérisée prés des lieux habités et en plus sans respect de la limite du vent ! Mais il faudra malheureusement au moins 18 générations à nos frères des Antilles pour oublier le chlordécone !
Finis les victimes des pesticides ici et comme ailleurs : trop c’est trop ! Ré so ré, ré so ré !
Nous voulons ne plus avoir que le choix de nous nourrir de produits issus de l’agriculture biologique et même qu’à terme il ne soit plus nécessaire de le préciser parce que ce sera devenu une évidence ! Consommer bio n’est pas une mode ! C’est un projet de société, un projet de civilisation tout simplement ! Reléguons au livres d’histoire la période de l’agro-chimie et de l’agro-business en en parlant comme d’une « mode » qui fit des ravages dans le monde du vivant !
Finis la Pourriture dans les assiettes et quelque soit le revenu de chacun ! Trop c’est trop ! Ré so ré, ré so ré !
Aujourd’hui...nos dirigeants et dirigeantes sont comme les trois singes :
Ils ne veulent pas entendre ni même écouter, ou alors parce qu’on leur hurle dans les oreilles !
Ils ne veulent pas voir ni même regarder, ou alors parce qu’on vient en vélo sous leurs fenêtres et encore bien encadrés et coincés sur un bout de trottoir par les CRS, comme à Quimper !
Ils ne veulent même pas parler si ce n’est dire des promesses non-tenues ou mal-tenues !
Parce qu’ils n’ont rien à exprimer que mépris en nous jetant des miettes, et encore avec retenue, comme notre ministre de l’agriculture le ferait à des pigeons sur le rebord d’une des fenêtres de son ministère !
Monsieur l’ad-ministr-ateur sachez que nous ne sommes pas des pigeons roucoulant pour des miettes. Ceux qui ont fait du vélo pour faire connaître leur désarroi ne se nourrissent pas de miettes !!
Ils et elles ont besoin d’un casse-croûte solide pour continuer à vivre dignement de leur travail !
Mais sans doute, nous les mouchiers sans intérêt, ne sommes nous que des sous-agriculteurs !!!
Mais nous n’aspirons en rien à devenir un prolétariat de l’agriculture et encore moins un lumpen prolétariat !
Voilà des années que les aides européennes servent une agriculture conventionnelle tueuse d’abeilles et de la biodiversité toute entière !
Voilà des années qu’il y a des aides européennes à la reconstruction du cheptel, et que la région s’engage dans l’aide au renouvellement et plus encore aujourd’hui !! merci à elle !
Mais jusqu’à quand cette gabegie pour remplir les ruches des Danaïdes !
Tout cet argent gaspillé qui aurait pu servir à la transition agricole !
Des centaines de millions d’euros gaspillés et encore gaspillés !
Est-ce donc cela faire de la politique intelligente ?
On paye pour ne rien voir.
On paye pour nous faire taire, on paye pour ne rien entendre ! Et ce matin je rajoute un quatrième singe, celui qui se bouche le nez pour ne pas sentir l’odeur des abeilles mortes sur leur provision d’hiver !!!!
Ca suffit, ça suffit, ça suffit ! Trop c’est trop ! Ré so ré, Ré so ré !
Du cœur, du courage et au boulot a présent !
Car la tâche est immense :
il faut sauver l’apiculture nationale et faire cesser l’hécatombe !
Il faut sauver l’apiculture européenne et faire cesser l’hécatombe !
Il suffit maintenant, de nous culpabiliser en nous renvoyant à nos soi-disant pratiques inadaptées. Quand le varroa est arrivé dans nos ruches début des années 80, les apiculteurs se sont mis au boulot pour trouver des solutions et à l’époque il fallait au moins 3 ans pour voir une colonie s’effondrer sans intervention. Des solutions ont été trouvées, nos ruches survivaient avec des milliers de varroas expédiés ad patres pendant l’hiver ! Et dans notre pays nous faisions sans trop sourciller jusqu’à 40 000 tonnes de miel de quoi couvrir la demande intérieure. Aujourd’hui c’est un cercle vicieux infernal dans lequel nous sommes plongés, parce qu’effectivement si on ne fait rien on ne donne pas cher de la peau des colonies, alors nos responsables sanitaires relayent sans innocence, un discours culpabilisant donnant ainsi un permis de polluer, pire de tuer à l’agro-chimie ! Comment expliquer la fonte de prés de 80 % de la masse des insectes en Europe ????
Ce n’est évidemment pas le varroa qui décime les papillons, les coléoptères et tous les autres hyménoptères !!!!!!
Sauf qu’aujourd’hui la limite est atteinte parce que même si l’on fait tout dans les règles de l’art, un tiers du cheptel breton a crevé pendant l’hiver ! Et les enquêtes officielles font état de pertes importantes en Nouvelle-Aquitaine, PACA et Bourgogne Franche-Comté !
Alors oui il y en a qui ne se plaigne de rien, soit par chance ils sont passés à côté de la grande faucheuse, soit par dénis de la réalité, soit ils sont envahis par la culpabilité de n’avoir selon eux pas fait ce qu’il fallait ! Nous ne sommes pas coupables, nous ne sommes pas coupables !
Ou bien alors ils sont atteints, comme beaucoup d’entre-nous par moment qu’en nous sommes très très las, atteints donc d’un mal terrible : la résignation acquise !! La résignation acquise : vous entendez ce que je veux dire et ce n’est pas une notion nouvelle ! c’est comme ça, on y peut rien. 10 % de perte on accepte, puis 15 vient ensuite 25 et 30 %. bon allez on refait du cheptel encore et encore ! Mais jusqu’à quand la résignation, l’acceptation que ce soit de perdre des ruches ou voire sa dignité ! Mais voilà que celles et ceux qui sont englués là dedans réalisent qu’ils ont le pouvoir sur eux-même et celui de se faire entendre ! Quelques coups de fils, un rassemblement, un vélo et hop en avant pour Rennes puis Paris, un fest-noz à Tregornan, aujourd’hui Carhaix et bientôt la Presqu’île de Quiberon ! C’est simple non ! Alors pensez à cela : qu’elle est ma part de résignation acquise à mon insue ! En tout cas je pense à vous voir ici qu’une part de vous même s’en est affranchie !
Avant de conclure je demande à Balthazar le maître des abeilles,un peu mage, imaginé par Henri Vincenot d’aller, avec son compère le pape des escargots, dire à la femme ou à l’homme de la cueva de la Arena, à Pline l’Ancien, à François d’Assise et Hildegard von Biden aussi, ainsi qu’à Pieter Brueghel l’Ancien et Messieurs Daddant, Langstrot, Von Frish et au Frére Adam, allez leur dire que nous ferons tous ce que nous pourrons pour que la prophétie de Rachel Carson n’aboutisse pas et que nous ferons tout pour fermer la boite de Pandore et que nous transformerons nos ruches, tonneaux des Danaïdes, en tonnelle pour boire un chouchen frais, un pastis ou un nectar de fruits frais et fêter le printemps plein du gazouillis des oiseaux préparant les couvées à venir !
Nous apicultrices et apiculteurs professionnels nous voulons gagner notre vie sereinement !
Nous apicultrices et apiculteurs pluri-actifs nous voulons pouvoir compléter nos revenus sereinement !
Nous apicultrices et apiculteurs de cœur nous voulons paisiblement faire profiter de notre miel familial, aux gens que nous aimons !
Nous allons à présent rendre hommage aux colonies d’abeilles disparues.
Colonies d’abeilles qui ont vécu dans les ruches numéro 30 à Lignol chez Fabien et Laetitia et 142 chez Claire et Thomas à Ploerdut dans le Morbihan et qui n’auront pas vu les premières fleurs, celles des saules, des pruneliers sauvages et des pissenlits et autres fleurs dites adventices :
Nous vous rendons hommage en pensant à ces pots du miel que vous auriez dû faire !
Colonie d’abeilles qui a vécu dans la ruche numéro 126 à Cohiniac chez François dans les côtes d’Armor et qui n’aura pas roulé dans les champs de colza si odorant, ni butiné le nectar des aubépines et des houx, ni pollinisé les merisiers : Nous te rendons hommage en pensant à ce pot du miel que tu aurais dû faire !
Colonie d’abeilles qui a vécu dans la ruche numéro 200 à Argol chez Marie et Loïc dans le Finistère et qui n’aura pas pollinisé les pommiers à cidre de chez Jean-Baptiste, ni les pommiers à couteaux des vergers et des jardins et autres petits fruits cultivés, ni butiné les autres fleurs sauvages comme la bourdaine ou la bruyère de Crozon ni le lierre à Trémargat nous te rendons hommage en pensant à ce pot du miel que tu aurais dû faire !
Colonie d’abeilles qui a vécu dans la ruche numéro 2 à Tréogat chez Sven au bout du pays bigouden et qui n’aura ni butiné ni pollinisé les ronciers et les châtaigniers privant ainsi les cueilleurs de mûres et les ramasseurs de châtaignes, des plaisirs automnaux de confitures et de marrons chauds : nous te rendons hommage en te remettant ce pot du miel que tu aurais dû faire !
Colonie d’abeilles qui a vécu dans la ruche numéro 356 chez José du Faouet dans le Morbihan, dans cette région où coule en son cœur l’Ellé, rivière tranquille, mais où persiste un esprit de combat et de lutte d’où parti le 30 Avril le convoi mortuaire de ruches jusqu’à la capitale administrative de la Bretagne, Rennes. Esprit de lutte qui a brassé tant et plus d’énergie, mis en relation tant et tant de personnes qui ne se connaissaient pas. Esprit de lutte qui roule encore aujourd’hui au cœur de Carhaix où nous sommes réunis de nouveau ! Esprit de lutte qui a roulé toute une nuit pour être un matin à Paris jusqu’aux instances de décisions !
Rendons ce dernier hommage à la colonie d’abeilles qui a vécu dans la ruche numéro 356 en pensant à ce miel qu’elle aurait dû faire pour passer un hiver serein et repartir d’un bon coup d’aile loin de l’ombre d’un printemps silencieux !
Nous allons maintenant avoir un temps de recueillement !…..Merci !