Vigilance et actions des apiculteurs professionnels contre les fraudes à la cire d’abeilles

, par  FFAP

Alors que la problématique autour des cires d’abeilles frauduleuses prend de plus en plus d’importance en France, des procès débutent dans différentes régions. C’est le cas aujourd’hui jeudi 14 novembre 2019 au Tribunal d’Orléans.
Au côté des apiculteurs et apicultrices victimes, la Fédération Française des Apiculteurs Professionnels est déterminée à se mobiliser contre ces fraudes et pour retrouver des circuits de commercialisation de cires sûrs.

Depuis 2015 de nombreux cas de fraudes à la cire d’abeilles voient le jour en France. De nombreuses et nombreux apiculteurs et apicultrices professionnel·les ont été victimes de ces fraudes. Les conséquences ont parfois été désastreuses entraînant des mortalités importantes d’abeilles par intoxications. Dans d’autres cas c’est le développement de la colonie qui est particulièrement ralenti. Dans tous les cas les apiculteurs et apicultrices se retrouvent une nouvelle fois isolé·es et en grande difficulté.

D’où vient le problème ?

La production de cire par les abeilles est directement liée à la production de miel et à l’état des colonies. Dans un contexte particulièrement difficile en termes de production (elle a quasiment été divisée par deux en 30 ans en France) et à une mortalité massive des abeilles, la cire est devenue un produit très recherché. Pour continuer à soutenir le développement de leurs colonies et pour tenter de produire un peu de miel, les apiculteurs et apicultrices, doivent, pour la plupart, acheter de la cire. Et c’est là que le bât blesse. Si certaines entreprises continuent de vendre des produits de qualité, certaines avides de faire toujours plus de profits dans un marché extrêmement tendu, n’hésitent pas à commercialiser sous l’appellation cire d’abeilles, des produits frauduleux. Ces cires sont très souvent adultérées, c’est-à-dire qu’on ajoute un produit de moindre valeur à la cire d’abeilles, qui est alors vendue pour ce qu’elle n’est pas Lors d’analyses effectuées par les apiculteurs et apicultrices, il a été retrouvé dans certaines cires des pesticides interdits en Europe depuis plus de 30 ans… Dans d’autres ont été détectés des produits qui laissent à penser que c’est de la cire pour bougies anti-moustiques qui a été mélangée à de la cire d’abeilles… Plusieurs enquêtes administratives ont prouvé que ces fraudes touchaient des produits d’importation qui avaient transités par différents pays d’Europe, dont la Belgique. Mais dans beaucoup de cas en traversant les frontières cette cire se transformait en cire d’abeilles de qualité, comme par magie. Dans certains cas cette cire a même été vendue avec un label Agriculture biologique…

Quelles conséquences pour les apiculteurs et leurs colonies ?

Les conséquences pour les colonies ont été multiples : effondrement de cadres, mortalités, ralentissement du développement, baisse de productivité, etc. Toujours dans ces situations, les apiculteurs et apicultrices sont en premier lieu meurtris du sort qui est réservé à leurs colonies. Mais il faut aussi comprendre que cela a des répercussions importantes sur les exploitations apicoles qui en sont victimes, que ce soit en termes de surcharge de travail, qu’en perte de production ou que de coût financier. En effet, quand les apiculteurs et apicultrices se sont rendu compte de la situation, il a fallu retirer tous les cadres où étaient présente la cire frauduleuse et la remplacer par une véritable cire d’abeilles.
Certaines exploitations ont perdu leur appellation Agriculture biologique après des analyses par les organismes certificateurs…
Une nouvelle fois les exploitations apicoles sont isolées face à cette situation et n’ont d’autres alternatives que de porter plainte contre les revendeurs de ces cires frauduleuses.
Alors que s’ouvre aujourd’hui un procès à Orléans, nous savons d’ores et déjà que plusieurs autres actions juridiques vont se dérouler dans les prochains mois dans différentes régions (Centre-Val-de-Loire, Pays-de-la-Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, etc.). Notre fédération envisage de se porter partie-civile dans un certain nombre de procès.

Quelles solutions ?

En tant qu’organisation représentante d’une partie de la profession nous travaillions à développer des outils qui puissent permettre aux apiculteurs et apicultrices d’avoir un maximum de garanties concernant la provenance des cires commercialisées.
Mais c’est aujourd’hui à l’État et à la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes de prendre leur responsabilité et de faire le ménage sur le marché de la cire d’abeilles.
Nous ne pouvons plus supporter que nos colonies et nos exploitations soient ainsi laissées à l’abandon par les services de l’État. Nous espérons que les actions en justice engagées par les apiculteurs et apicultrices victimes de ces cires frauduleuses sauront faire réagir.

Nous apportons tout notre soutien aux apiculteurs et apicultrices dans leurs actions en justice contre des entreprises malveillantes.
Pour que nos abeilles puissent butiner en paix, pour que nous puissions effectuer notre métier dans les meilleures conditions possibles, nous ne voulons pas de grande déclarations tonitruantes, nous voulons des actes.


La Fédération Française des Apiculteurs Professionnels

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