Depuis plus de 30 ans, les apiculteurs n’ont eu de cesse d’alerter sur les effets délétères des pesticides sur la santé des abeilles et sur les risques que représente l’usage inconsidéré et répété de ces produits pour nos écosystèmes et la santé humaine.
De nombreux pesticides, disposant pourtant d’une AMM (autorisation de mise sur le marché) ont participé à l’effondrement des populations d’insectes. Malgré les alertes récurrentes, les mobilisations et la mise en évidence de la profession à ce sujet, certaines molécules chimiques de synthèses ont continué a être utilisées pendant de nombreuses années avant que la démonstration de leurs nocivités étayées par d’innombrables études scientifiques conduise à leur interdiction totale ou partielle. En effet quasiment toutes les études sérieuses publiées depuis 2012 font consensus et mettent en évidence les effets néfastes de ces produits, dépassant là encore, le seul cadre d’une profession agricole. C’est bien l’ensemble de la biodiversité : les abeilles domestiques, les abeilles sauvages, les papillons, les coléoptères... soit 80 % des insectes européens qui ont disparu ces trente dernières années (étude de comptage menée en Allemagne depuis 1989 et publiée dans la revue scientifique PLOS one le 18/10/2017).
Les apiculteurs qui ont pu observer une mortalité moyenne annuelle de leurs colonies d’abeilles multipliée par 6 en moins d’une génération savent combien l’équilibre du vivant a été durablement bouleversé et fragilisé. Hier et encore aujourd’hui : les insecticides néonicotinoïdes, les herbicides contenant du glyphosate... Demain, les fongicides SDHI, les diamides... La dangerosité associée à la rémanence de ces produits ainsi que les effets cocktails et synergiques de toutes ces molécules entre elles dans notre environnement sont à notre sens un véritable danger pour l’ensemble de la biodiversité et la santé publique.
Nous, apiculteurs et apicultrices du SAPB, considérons que le principe de précaution visant à limiter l’usage des pesticides à proximité immédiate des habitations est une réaction de bon sens face à l’inertie et à la carence de l’état quant à son devoir de protection de la santé des populations.
Il n’est en effet plus à prouver que l’usage de tous ces pesticides dans notre environnement trouve son prolongement dans notre alimentation, dans l’eau que nous buvons et l’air que nous respirons. In fine, cela présente bien évidemment un danger pour la santé humaine, pour la santé de tous.
En conséquence, le Syndicat des Apiculteurs Professionnel de Bretagne apporte son soutien à l’initiative de Mr Daniel Cueff, maire de Langouët et à son conseil municipal dans cette démarche visant à limiter l’usage des pesticides à proximité immédiate des habitations. Nous estimons qu’il est dans les prérogatives d’un maire de prendre les mesures et dispositions nécessaires afin de protéger la santé de ses administrés et de la population.
S’il est fortement conseillé à l’agriculteur de porter masque et équipement de protection, de ne pas pénétrer dans la parcelle traitée avant un certain délai, comment pourrait-on refuser que soient mise en place des mesures de protection pour les riverains ?
Pour le Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Bretagne (SAPB) François Le Dudal
liens vers les pétitions de soutien à l’initiative du maire de Langouët :
